La quatrième édition de l’Observatoire-Place de la Santé est consacrée à l’accès territorial aux soins. Cette étude comporte une analyse à partir de différentes sources de données permettant une mise en perspective ainsi qu’une enquête réalisée auprès du grand public et des entretiens avec des professionnels de santé. Elle vise à démontrer que, sans mesures fortes sur l’organisation des soins, des pouvoirs publics ou par les professions de santé, l’accroissement des inégalités est inéluctable et la Normandie n’échappe pas à la règle.
La demande de soins insatisfaite sur le territoire français n’a cessé de croître ces dernières années pour des raisons démographiques, géographiques et médicales et la tendance est amenée à se poursuivre.
Les pouvoirs publics ont adopté plusieurs lois ces quinze dernières années : la loi Hôpital, patients, santé et territoires (2009), le Pacte Territoires-Santé (2012), la loi de modernisation du système de santé (2016) ou encore le Plan territorial d’accès aux soins (2017) dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Ma Santé 2022.
À mi-chemin de ce plan, la Mutualité Française cherche avec cet Observatoire à mesurer les réductions d’inégalités et à identifier les initiatives des professionnels de santé et leur impact sur l’adéquation de l’offre aux besoins
En Normandie
Une population âgée, consommatrice de soins
La consommation de soins, et corrélativement son coût, augmentent partout en France. A cela, deux raisons principales : le développement des maladies chroniques et le vieillissement marqué de la population. Aujourd’hui, en France, plus d’un quart de la population a plus de 60 ans. Les taux les plus élevés s’observent dans les départements de la Manche (33%) et de l’Orne (34%). Malheureusement, en Normandie comme sur le reste du territoire, l’inflation de la demande de soins se heurte à une densité médicale disparate qui alimente des inégalités d’accès aux soins.
Des départements inégalement dotés en médecins généralistes et spécialistes
En France métropolitaine, on compte en moyenne 152 généralistes et 190 spécialistes pour 100 000 habitants. Ces chiffres cachent de profondes disparités. En Normandie, le Calvados est le département le mieux doté en matière de médecins généralistes avec 166 généralistes pour 100 000 habitants tandis que l’Eure ne comptabilise que 94 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Il en est de même pour les spécialistes. Le Calvados affiche le meilleur taux avec 206 professionnels pour 100 000 habitants. L’Orne ne compte que 101 spécialistes pour 100 000 habitants et l’Eure est, quant à elle, largement sous dotée avec seulement 70 spécialistes pour 100 000 habitants.
Source de préoccupation supplémentaire, les départements pauvres en généralistes sont ceux qui comptent le plus de médecins âgés. Que se passera-t-il quand ils partiront à la retraite ? Alors qu’en moyenne 48% des médecins français sont âgés de 55 ans et plus, ils sont 63% à être dans cette tranche d’âge dans l’Orne, 53% dans l’Eure, 51% dans la Manche.
Des mesures pour répondre à la demande de soins qui séduisent
Pour pallier la faible densité médicale, différentes mesures ont été mises en place comme la télémédecine ou encore la délégation aux pharmaciens d’officine de la vaccination antigrippale qui a permis de libérer l’équivalent de 30 consultations par médecin par an. Ces mesures rencontrent un certain succès en Normandie. Ainsi, la part des vaccins effectués en officine est proche de la moyenne nationale (25%) dans tous les départements, avec parmi les départements les plus avancés, l’Eure (24%) et la Seine-Maritime (23 %) et, plus en retrait, le Calvados, la Manche (17 %) et l’Orne (18%). Quant aux téléconsultations réalisées par des opérateurs privés, elles ont augmenté partout pendant le confinement, sauf dans l’Orne (-19%). Elles ont même bondi dans le Calvados jusqu’à atteindre une augmentation de 684 % (+97% sur l’ensemble de la France).
Ces initiatives probantes montrent que le creusement des inégalités d’accès aux soins n’est pas irrémédiable. La Mutualité Française en témoigne dans le débat public avec les propositions qu’elle a portées lors du Ségur de la santé comme, par exemple, le partage des compétences entre professionnels de santé, le développement des téléconsultations et des espaces de santé pluriprofessionnels.
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